Depuis quelques années les métiers d’encadrement évoluent et les missions confiées à un manager sont aujourd’hui sensiblement différentes. Afin de mieux cerner les nouveaux profils et attentes des managers, CSP Formation a mené une étude en février 2010 auprès des top managers, des managers intermédiaires et des DRH. Ces rencontres ont permis de mettre en lumière les problématiques de management tout en définissant le profil du manager de demain.

Il en ressort que le « manager de demain » devra être un pilote ouvert et souple, aux fortes compétences relationnelles. Il devra fédérer son équipe autour d’une vision et s’appuyer sur une base personnelle de courage et d’équilibre.

Vincent Dicecca, Responsable de l’Offre Management & Leadership chez CSP Formation, nous livre une synthèse des attentes et des missions de ce que sera le manager de demain.

1) Selon vous, aujourd’hui, comment  un manager peut concilier à la fois bons résultats financiers et performance durable ?

Il faut bien comprendre que l’exigence de résultats financiers à court terme restera prépondérante et nous assisterons dès demain à une tension entre 2 types de    management, qui sont un management des résultats et un management de la performance qui lui prend en compte l’humain et ses besoins. Le tout se jouera dans un environnement plus complexe dans lequel la vitesse du changement s’accélère, l’information circule de plus en plus vite, l’espace de travail est de plus en plus éclaté en raison de l’internationalisation, avec pour conséquence une mise à distance des collaborateurs. Un des enjeux majeurs pour les managers sera, dans ce contexte, de mobiliser l’énergie de chacun et la puissance du collectif. Ce qui exigera une attention toute particulière portée aux personnes et aux conditions de leur implication.

2) Comment le manager s’adapte face aux changements des mentalités dans le rapport au travail ?

Nous remarquons que des comportements très différenciés se renforcent dans l’entreprise en raison de l’arrivée des nouvelles générations, de la place de l’individu dans l’organisation, de la valeur du travail et de l’importance de l’épanouissement personnel. Ces évolutions modifient la nature de la relation managériale et rendent les aspects législatifs de plus en plus importants.

L’arrivée des nouvelles générations, la génération Y impose progressivement un nouveau mode de management. Les managers le reconnaissent volontiers : cette génération les bouscule parce qu’elle refuse un modèle managérial classique. Ils doivent s’éloigner petit à petit des organisations très hiérarchisées pour se rapprocher des réseaux. Cette génération souhaite contribuer activement au développement de l’entreprise tant que le manager respecte l’équilibre entre sa vie professionnelle et personnelle.

3) Le niveau de responsabilité a augmenté depuis 20 ans, comment le manager fait face aux situations de stress ?

En plus de faire face à l’augmentation du niveau de responsabilités, le manager est confronté, d’une part, à des situations de plus en plus complexes et, d’autre part, à un  périmètre de responsabilité élargi. Deux facteurs de stress qui peuvent induire une difficulté à mettre en mouvement ses ressources et à agir de façon adaptée.

Face à cette insécurité extérieure, le manager devra s’appuyer sur une sécurité intérieure faite de vision d’un cap qui fasse sens pour lui et son équipe. Pour affronter ces situations, le manager doit prendre conscience de ses propres ressources et avoir confiance en la capacité de ses collaborateurs.

Ce qu’il faut retenir ! Face à un mouvement de pression, le manager doit mettre en « tension » son équipe pour faire face aux difficultés.

4) Quel portrait du manager de demain résulte de ces évolutions déjà amorcées ?

Grâce aux focus group, nous avons pu découvrir que le manager veut assumer un leadership dans un contexte plus humain. A l’évidence, il doit renforcer ses aptitudes relationnelles pour expliquer, informer, faire adhérer aux changements. Les managers devront travailler leur capacité d’adaptation pour apprivoiser l’inattendu, être plus agiles… Il leur faudra également développer une intelligence des situations pour bien guider leurs actions. Ils devront en outre renforcer leurs capacités de communication en se montrant beaucoup plus ouverts aux autres, aux autres disciplines, à la diversité… Car en toile de fond, il s’agira de replacer l’humain au cœur des préoccupations managériales en tenant compte des aspirations et des potentialités de chacun. Le manager doit démontrer encore plus sa légitimité notamment grâce à sa solidité intérieure et sa capacité à relever les défis en contexte turbulent. Il ne s’agit plus d’une légitimité fondée sur la position et la certitude mais bien sur l’intelligence des situations et la capacité à mobiliser, à redonner du sens, à récréer le collectif tout en étant attentif à chacun.

Mais ce n’est pas tout, il doit s’armer pour décider rapidement, accompagner le changement tout en gérant les conflits potentiels, développant le plaisir au travail, la convivialité et la solidarité dans l’équipe. Pour cela, le manager commence par l’écoute, puis la bienveillance et la patience. Il prend du recul sur sa pratique, accepte la diversité et devient un manager-coach.

Le manager doit aussi intégrer les nouvelles technologies qui vont lui permettre d’adopter un mode de fonctionnement réseau et de gérer différemment les flux d’informations.

Le manager de demain a tant de qualités humaines à développer qu’il a besoin de soutien dans sa pratique quotidienne. D’une part, il attend que la direction générale mette l’individu au cœur de l’entreprise et formalise clairement un projet cohérent. D’autre part, il souhaite des outils performants synonymes de gain de temps.

5) Selon vous, quelles sont les méthodes pour accompagner le manager dans son nouveau rôle ?

Pour savoir donner du sens et anticiper, accompagner le changement tout en équilibrant le collectif et l’individuel, le manager a besoin de formation intra ou inter, de coaching et d’accompagnement d’équipe. Avec l’appui d’un consultant, il doit pouvoir échanger au sein de groupes de partage de bonnes pratiques. A ce titre, les organismes doivent jouer leur rôle d’expert pour informer et utiliser leur réseau pour les mettre en relation avec d’autres managers.

Pour remplir leur nouveau rôle, les managers attendent que les organismes de formation deviennent des partenaires dans la durée qui les accompagnent en construisant avec eux du sur-mesure…

Les managers de demain auront de plus en plus besoin de formations ludiques et créatives, de dispositifs courts, cohérents et séquencés. Ils attendent de travailler de plus en plus sur des vrais cas pratiques. La formation devient un lieu d’entraînement, un simulateur pour manager. Aussi le présentiel reste incontournable même s’il doit s’enrichir de dispositif pédagogique à distance favorisant un ancrage des compétences dans la durée.

Ce dialogue  que nous avons mené avec des managers d’aujourd’hui est essentiel car il a permis de clarifier la feuille de route des compétences managériales à développer pour les années à venir.

L’exigence de performance durable et d’esprit de responsabilité nécessite de nouvelles dynamiques managériales prenant appui sur les lignes de force suivantes :

• Un management orienté résultat et soucieux d’une gestion humaine des ressources

• Une meilleure prise en compte de l’élément humain et de sa dynamique d’engagement

• Des managers faisant preuve d’une sécurité intérieure et d’ouverture face à une complexité croissante

C’est avec énergie et enthousiasme que les organismes de formation accompagnent les managers pour relever ces défis.

Article paru dans la revue Courrier Cadres – APEC – du mois de Février 2011.